Revivez l’ascension du dit « KILI » avec El Mehdi.

Siham Benali- Casablanca

Il était une fois des sherpas, des aventuriers qui voulaient dompter toutes les montagnes du monde. Et pour leur première ascension majeure ils choisirent le plus haut sommet d’Afrique : le Kilimandjaro, qui culmine à 5 895 m. L’aventure promettait d’être marquante, et pour preuve voici ce qu’en dit un autre aventurier notoire : « Devant eux, tout ce qu’il pouvait voir, vaste comme le monde, immense, haut et incroyablement blanc dans le soleil, c’était le sommet carré du Kilimandjaro », Ernest Hemingway. Pour découvrir de près comment s’est déroulée cette aventure, Elmehdi nous a accordé de son temps pour répondre à quelques questions et nous rapprocher des multiples visages du Kilimandjaro.

Ça serait sympa de te connaitre un peu d’abord, comment tu préfères te présenter ?

[EMB] : Absolument. De la plus simple des manières : Je m’appelle Mehdi, j’ai 27 ans, je travaille dans le consulting IT. Je suis ami de longues dates et membre de Sherpa Maroc depuis que l’association a vu le jour.

Quelles sont  les randonnées que tu as faites  jusqu’à présent ?

[EMB] : La vérité : pas énormément. J’ai fait deux fois Toubkal la première fois remonte à 8 ans et la deuxième à 6 ans. Les deux fois se sont très bien passées. Puis avec Sherpa, j’ai fait un Trek de 6 jours dans la magnifique côte de l’atlantique, et une randonnée balade à la majestueuse vallée d’Ait Bouguemez dans le haut Atlas. Tu peux dire que je suis un randonneur à petite échelle.

Comment as-tu décidé de faire l’ascension du Kilimandjaro ?

[EMB] : Tout le monde connait le Kili de sa crête enneigée des manuels de Geo ou présentée dans les récits des grands aventuriers écrivains tel que E. Hemingway. Cette montagne a obsédé nombre de chercheurs explorateurs puis nombre d’alpinistes/randonneurs. Quand Soufiane (Président de Sherpa Maroc) m’a parlé de ce projet il y a deux ans, j’avais dit oui sans hésiter une seconde. Ainsi, j’ai été premier à réserver les billets d’avion quand la date est tombée.

L’ascension est-elle faisable pour une personne non sportive? Y-a-t-il des préparatifs spéciaux ?

[EMB] : Oui je pense qu’une personne non sportive serait capable de réussir l’ascension. Cependant, le manque d’oxygène, les effets de l’altitude (manque d’appétit, manque de sommeil, maux de têtes…) peuvent rendre l’ascension pénible voire impossible même pour les plus sportifs. Il faut se renseigner à minima sur les phases de cette ascension mythique. Il faut s’habituer à marcher pendant longtemps. Etre équipé et bien entouré, et là je mets l’accent sur le groupe encadrant càd les guides/porteurs/cuisiniers qui ont été de grands professionnels et surtout les compagnons de voyage, et Sherpa Maroc a très bien rempli ce rôle au niveau de l’entraide, de la bienveillance et la bonne ambiance qui régnait dans notre groupe tout au long du voyage.

Que contenait ton sac de voyage?

[EMB] : Les équipements représentent un facteur non négligeable, mieux on est équipé plus on peine moins. Il faut bien prendre le temps de préparer son sac. Mon sac contenait des chaussures Goretex pour tout le voyage, un pantalon modulable et un pantalon de ski pour le dernier jour d’ascension. Shorts, T-shirt synthétiques, polaires, casquette et bonnet, une veste coupe-vent et doudoune et surtout un sac de couchage -18° pour dormir au chaud. Sans oublier les bâtons de marche et la lampe frontale.

Quelle était ta première impression une fois arrivé en Tanzanie?

[EMB] : Je me souviens de l’accueil qu’on a eu à l’aéroport international du Kilimandjaro, où le personnel était tout excité de voir des passeports verts avec marqué : Kingdom of Morocco, ces derniers nous ont même improvisé des mots en arabe pour témoigner de leur hospitalité. Puis en quittant l’aéroport il faisait nuit, et le conducteur nous a foutu une trouille bleue quand il attaquait les ronds point au sens inverse. Car en Tanzanie on conduit à l’anglaise.

Comment s’est déroulée l’ascension ?

[EMB] : Alors il faut savoir qu’il faut absolument passer par une agence de voyage pour pouvoir accéder au Parc national. L’agence fournit les guides/porteurs/cuisiniers ainsi que la bouffe et l’eau pendant l’ascension. Ainsi nos affaires sont transportées par les porteurs que nous retrouvons à l’arrivée des camps, pendant la journée nous gardons que les effets perso et l’eau. Nous avons eu de la chance car les conditions climatiques étaient relativement bonnes. Le 1er jour nous traversons une zone tropicale où il fait chaud et très humides. Le 2ème  jour nous quittons la jungle et arrivons à un climat sec où la végétation change complètement et commence à se faire rare. Jusque là tout se passe bien. Le 3ème jour il a fait très froid dans une zone presque lunaire où à part les corbeaux et des randonneurs, nous n’avons vu aucun autre signe de vie. A 4700m nous assistons aux premières chutes de neiges qui n’ont pas duré longtemps. La fatigue et le stress sont au summum. Le soir même, à 23h dans le grand froid, nous entamons l’ascension des derniers 1100m de dénivelé qui fut extrêmement laborieuse. Nous arrivons au sommet vers 7h30. La descente s’est faite sur deux étapes, 2000m de dénivelé le 4ème jour puis 2000m le 5ème jour.

As-tu pensé à  abandonner  lors des moments difficiles ….vous avez fait le circuit le plus difficile ?

[EMB] : Lors de l’ascension des derniers 1000 m de dénivelé, il est très courant de penser à abandonner. Perso j’étais animé par une forte volonté de réussir l’ascension et plus on avançait plus cette volonté grandissait. Pour d’autres, ce ne fut pas le cas. Le mental/psychique est très important. Il fallait rester concentré, et surtout ne pas oublier pourquoi on se trouvait là perchés à plus de 5000m d’altitude, le sang dans le nez et les visages déformés.

Après des moments difficiles, il y a souvent des anecdotes à raconter au retour …

[EMB] : En effet hehe ! Toujours pendant l’ascension du dernier tronçon, une personne de notre groupe ; elle se reconnaitra, prise par une crise de panique, et en manque grave d’oxygène, réclamait un Hélico à 5600 m d’altitude en criant «I want a helicopter nooooooow ! ». Là j’en rigole mais je suis certain que si l’hélico se décidait de venir chercher cette personne, on serait tous redescendus tellement on était au bout de notre vie. Deux heures plus tard cette personne était sur le toit de l’Afrique. Je me souviendrai longtemps de son courage et sa détermination admirables.

Comment décrirais-tu le moment d’arrivée au sommet ?

[EMB] : Tout le monde était exténué, mais tous affichait un sourire qui en disait long sur le pur bonheur d’être littéralement sur le toit de l’Afrique, entourés de glaciers qui pour les plus optimistes disparaitront avant 2030. Le soleil se levant magistralement d’en bas, provoquant des nuances de couleurs dont on ignorait l’existence. La rondeur claire et nette de la terre. Un pur moment de bonheur, où l’on est submergé par des émotions étranges, et surtout d’une grande fierté.

Comment était le contact avec la population locale ?

[EMB] : Très facile, les tanzaniens sont un peuple chaleureux accueillant et curieux encore plus quand ils savent d’où on vient et qu’on partage le même continent. De par les légères ressemblances entre l’arabe et le Swahili, nous avons appris des mots et des expressions en Swahili. D’ailleurs, on s’amuse toujours à se saluer avec Jambo, qui veut dire salut.

On a même appris deux chansons locales sur lesquels était rythmé notre ascension, au début chantonnées par les guides pour nous motiver, mais vite apprises et performées par les Sherpas sous les regards surpris et admiratifs des guides, qui n’ont jamais vu de tel auparavant.

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Quel est votre meilleur souvenir ?

[EMB] : Le voyage fut extrêmement riche. Difficile d’en sortir qu’un souvenir. Je retiendrai le jour du Safari où nous étions tous euphoriques de voir des animaux sauvages défilés devant nos yeux. L’arrivée au sommet clairement fut l’un des highlight. Et en dernier, quand j’ai découvert ma chambre d’hôtel à Zanzibar.

Y a-t-il quelque chose que tu ferais différemment ? Des conseils pour ceux qui souhaitent vivre cette expérience ?

[EMB] : Hmm, difficile de penser à une organisation meilleure, tellement le voyage s’est déroulé en parfaite condition, grâce à Sherpa Maroc, et plus particulièrement à Yassine qui n’a à aucun moment ménager ses efforts, et qui de plus a pensé à tout. Mais je conseillerai tout de même un circuit plus long : à partir de 6 jours, pour une meilleure acclimatation.

Il faut se préparer mentalement bien à l’avance. Cela peut commencer par réserver les billets d’avion. Comme fut le cas pour moi. Avoir les équipements nécessaires, souvent décrits explicitement par l’agence effectuant le voyage. Lors de l’ascension, se forcer à boire l’équivalent de 3-4L d’eau par jour pour remédier aux effets de l’altitude. Se forcer à manger même lorsqu’on perd l’appétit. Marcher doucement, ou comme on dit en Tanzanie : pole pole !

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